Consultations en cabinet d'Anne GUILLAM - psychologue psychanalyste - à Toulouse - 0688640378
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Le malentendu des sexes dans l'amour, par Anne Guillam psychanalyste
J’ai
choisi ce titre pour interroger le rapport différencié qu’ont les
hommes et les femmes à l’amour, autrement dit éclairer cette idée
qu’ « on n’aime vraiment que depuis une position féminine
». Cette phrase « on n’aime vraiment que depuis une position
féminine » trouve son pendant dans cette autre, de Lacan,
concernant l’homme cette fois : « entre l’homme et
l’amour, il y a un monde ». Il y aurait donc un rapport
complexe des hommes à l’amour, plus complexe que pour les femmes,
puisque l’amour serait du ressort du féminin. Freud lui-même
avait cerné une difficulté dans l’amour chez les hommes puisqu’il
disait : « là où ils aiment ils ne désirent pas et là
où ils désirent ils ne peuvent aimer ». Ce principe, cette
scission de l’amour et du désir sexuel, Freud l’a appelé
«ravalement de la vie amoureuse » chez l’homme.
Alors
qu’est-ce qu’aimer ? Qu’est-ce que l’amour ?
L’amour, on en parle beaucoup mais est-ce que pour autant on peut
dire ce que c’est ?
L’amour,
c’est un peu mystérieux, d’ailleurs on parle de mystère de
l’amour. La mythologie nous enseigne qu’il prend la figure d’un
petit dieu, dit dieu Amour, Eros chez les grecs, Cupidon chez les
romains. Amour est fils de Vénus, cette déesse de la beauté et de
l’amour, née de l’écume des vagues et belle comme la mer
transparente où jouent les reflets du soleil. L’amour nait donc de
cette beauté éblouissante désirable et aimable. Nous reconnaissons
là dans le mythe, la composante narcissique inhérente à l’amour,
qui est sa composante de mirage et d’illusion. C’est l’amour
entrevu par les voies de l’imaginaire, qui voile, enrobe l’objet,
le rend aimable, brillant, agamaltique, séduisant, captivant …
Sur
le plan étymologique, amour vient du latin « amor »
lui-même issu d’ « amarer » signifiant aimer. On
pourrait s’amuser à entendre dans cet «amarer » latin un
rapport avec les « amarres », ces grosses cordes qui
relient le navire à un point fixe le plus souvent situé à quai,
lui permettant de ne pas partir à la dérive.
Si
l’amour est mystérieux, difficile à définir (dans la clinique,
s’entend parfois cette question: « qu’est ce que l’amour ?
Comment savoir si on aime ? »), s’il est un mystère
pour les sujets, il n’en reste pas moins que lorsqu’il est vécu,
il s’éprouve. La présence de l’amour est recherchée et repérée
dans le corps, sous la forme d’un affect, d’un éprouvé. « J’ai
envie de retrouver les papillons dans le ventre » disait une
jeune analysante en quête d’amour. Ce sentiment peut aller jusqu’à
la passion et donner lieu à la maladie d’amour.
Il
s’éprouve dans le corps. Sur un autre versant, celui de la langue,
du dire, l’amour appelle à la métaphore, ce qui le voue à la
poésie, à l’art, à la littérature, aux dits de l’amour.
L’amour est métaphore. Lacan nous dit qu’il est « un caillou
riant dans le soleil » citant un vers de Paul Eluard. C’est
une métaphore en rapport avec « l’étincelle créatrice qui
jaillit entre deux signifiants dont l’un est substitué à l’autre
en prenant sa place », Augustin Ménard le dit comme ça.
L’étincelle créatrice, la métaphore, situe l’amour du côté
de la création, de l’invention.
C’est
par cette voie de la métaphore qu’il peut conduire au miracle, au
miracle de l’amour, au coup de foudre dont l’obscure alchimie
n’est autre que le passage de l’aimant à l’aimé : en
devenant aimant, l’aimé cesse d’être seulement objet de désir,
il devient désirant à son tour dans une fiction de réciprocité.
Vous
voyez là que Lacan fait de l’amour une opération signifiante,
substitution du signifiant aimé par le signifiant aimant,
signifiants que nous sommes lorsque nous rentrons dans cette
dynamique de l’amour si on peut dire.
Si
l’amour est une opération signifiante, qu’en est – il du
sexe ? Voyez mon titre : le malentendu des sexes dans
l’amour, quant à l’amour. On pourrait déjà prendre les choses
à partir du malentendu « du » sexe quant à l’amour.
Si « faire l’amour » implique dans le faire un rapport
entre l’amour et le sexe, il n’est pas du tout sûr que l’amour
et le sexe fassent bon ménage.
En
terme lacaniens, parler de sexe, c’est parler de jouissance, de
jouissance sexuelle. Y-a-il conjonction de la jouissance et de
l’amour ? C’est loin d’être évident. D’ailleurs, la
tradition avait déclaré le mariage d’amour impossible : la
bourgeoisie victorienne avait fondé le mariage sur un contrat
excluant la passion et refoulant le sexe. Dans l’amour romantique,
à l’envers, on assiste au triomphe de l’amour, lequel se paye
d’un interdit sur le sexe. Cette conjonction non évidente de
l’amour et du sexe a conduit Lacan à s’intéresser à l’amour
courtois comme figure du véritable amour, du pur amour. Dans l’amour
courtois, la jouissance est soustraite et le désir exalté.
L’époque
moderne a rompu avec cette tradition de l’impossible conjonction
entre amour et jouissance, en inventant le mariage d’amour. Il est
possible que la psychanalyse ne soit pas étrangère à l’idée
d’une réconciliation du sexe et de l’amour. C’était le vœu
de Freud en tout cas qui faisait tourner l’accomplissement du
bonheur autour de l’objectalité génitale, c’est-à-dire
l’atteinte d’une sexualité génitale, équilibrée, ce à quoi
pouvait conduire une analyse, et ce qu’on pouvait en attendre
aussi. C’était la bonne nouvelle, la promesse portée par la
psychanalyse. Mais Lacan y a vu une limite à l’ambition
analytique, et il nous apporte plutôt une mauvaise nouvelle avec sa
fameuse phrase : « Il n’y a pas de rapport sexuel ».
Qu’est-ce
que ça veut dire « il n’y a pas de rapport sexuel » ?
Ca veut dire que dans l’inconscient de chaque sujet, il n’y a pas
de savoir qui se soit déposé, qui soit écrit sur la rencontre avec
l’autre sexe. A cet endroit du savoir qu’on voudrait mobiliser,
il y a un trou, un trou dans le savoir. Dans le savoir, ça ne répond
pas et c’est ce qui fait que c’est angoissant tout de même la
rencontre amoureuse.
« Il
n’y a pas de rapport sexuel », ça veut dire aussi que l’idée
que l’on pourrait faire Un avec l’autre, fusionner, incorporer
son corps, le rejoindre dans l’acte sexuel, en jouir même, c’est
une imagination, un leurre. Vous connaissez l’expression « j’ai
perdu ma moitié, où est passée ma moitié » pour parler du
partenaire. Elle laisse entendre qu’avec deux, on réussit à faire
Un. Faire Un avec l’autre, c’est de là que part l’idée de
l’amour. Cela dit, Lacan pense que l’imaginaire est impropre à
aborder la question de l’amour. Car faire Un avec l’autre renvoie
à l’amour pris dans sa dimension narcissique. L’amour s’il a
rapport avec l’Un, ne fait jamais sortir quiconque de soi-même. Et
le problème est de savoir comment il peut y avoir un amour pour un
autre, un autre que soi justement.
Lacan
préfère recourir à la logique pour saisir l’amour dans sa
fonction. Car l’impossible du rapport sexuel a pour conséquence la
nécessité de l’amour. L’impossible du rapport sexuel pousse à
l’invention et l’amour est une invention. Lacan en fait une
suppléance au rapport sexuel qu’il n’y a pas : dans Encore,
« ce qui supplée au rapport sexuel, c’est précisément
l’amour ». (p 44)
Maintenant
que j’ai dit tout cela, comment se situent homme et femme quant à
l’amour ?
Quand
je parle d’homme et de femme, je me réfère à la façon dont
Lacan les définit dans les années 70 de son enseignement, à savoir
à partir du séminaire 19, quand il écrit les formules de la
sexuation.
Ils
sont définis dans leurs conditions de jouissance : l’homme a
pour sa part tout à faire à la jouissance phallique, c’est-à-dire
à la castration. C’est lié au fait que dès qu’on parle, on a
affaire à la castration : « tout ce qui s’articule du
signifiant tombe sous le coup de phi(x), de la fonction de castration
(p 33, ..ou pire) ».
Quant
à la position féminine, elle a aussi à faire à la jouissance
phallique mais de façon pas toute. Elle bénéficie si on peut dire
d’un supplément de jouissance, appelée jouissance supplémentaire,
ou encore jouissance Autre. Ceci est lié, selon Lacan au fait que
c’est comme signifiants que nous nous sexuons. Or, on sait depuis
Freud, qu’il n’y a qu’un seul sexe dans l’inconscient, dans
le langage : c’est le phallus. Lacan rapporte ce primat du
phallus à un logocentrisme qui est le lot commun des êtres
parlants. Côté féminin, au niveau du langage, il y a un trou, un
trou réel, qui n’est pas un manque. Dans le langage, le signifiant
La femme n’y est pas. Il n’y a donc pas d’universel de la
femme, contrairement au tout phallique de l’homme, ce qui associe
la structure de la féminité à de l’inconnu. Il est impossible
d’intégrer la féminité dans l’esprit humain, c’est là que
se situe son énigme. Pour aborder la question de ce trou réel,
Lacan part non pas du discours, mais de ses impasses qu’il situe au
niveau des impasses de la logique. Il peut aborder le féminin grâce
à la logique, le conceptualiser à partir de la logique, c’est
autre chose que de le concevoir depuis le discours, comme jaculation
signifiante.
La
jouissance supplémentaire est liée à ce trou dans l’Autre S(A
barré), c’est une jouissance qui a affaire à l’illimité, qui
n’est pas castrable. Pas castrable, car le féminin dans son
essence est privé du phallus. Au regard du phallus, une femme se
présente donc comme manquante, châtrée de ce représentant de
l’instrument corporel de la jouissance masculine. Ce qui ne
l’empêche pas à l’occasion de s’imaginer l’avoir ou l’être
ce phallus.
S’il
n’y a pas La femme, il y a des femmes, Une par Une, chacune
détenant le secret de sa jouissance qui ne peut être dite mais
qu’elle éprouve. Ce qui explique la grande hétérogénéité des
figures féminines : faible, pauvre, fragile, muette, effacée,
pleureuse, désespérée, ravagée, ou bien dévouée, entière,
excessive, exaltée, méchante, implacable….
Cette
jouissance féminine ne se sert pas du signifiant pour opérer, c’est
ce qui rend les femmes plus proches du réel, elles ont affaire
directement au réel, sans possibilité de médiation phallique. Etre
une femme suppose qu’elle consente à sa jouissance supplémentaire,
une fois dépassée la forme phallique de sa satisfaction car cette
jouissance la fait femme.
Quelles
conséquences quant à l’amour ?
Quand
on pense à partir du signifiant, on fait de ce trou un manque, un
« il n’y a pas à partir du il y a », ce qui n’est
pas pareil que penser à partir des mathématiques, de ces petites
lettres en algèbre, qui ne signifient rien, dans les équations par
exemple : x2 + 2 = 3, x c’est une lettre, pas un signifiant.
Ca n’empêche pas de raisonner pour trouver la solution, mais ça
n’est pas un raisonnement à partir du signifiant.
A
partir de la logique phallique, signifiante, Lacan a pu dire, « aimer
c’est donner ce qu’on n’a pas », situant l’amour dans
un échange symbolique concernant l’offre phallique. C’est
l’amour abordé dans la perspective symbolique.
En
effet, donner ce qu’on n’a pas c’est donner son manque et pour
pouvoir le donner, il faut pouvoir y consentir, le reconnaitre. Ca
n’est pas donner des cadeaux, offrir des bijoux etc, c’est plutôt
avouer, consentir au fait qu’on n’est pas complet, autosuffisant,
c’est reconnaitre ses points de fragilité, qu’on a besoin de
l’autre etc. On ne voit pas bien comment quelqu’un qui se vit
complet pourrait aimer. On peut le redire à partir de la métaphore
de l’amour dont j’ai parlé plus haut : celui qui était
aimé, beau désirable attractif, en devenant aimant, se met à
manquer et espère ou croit trouver dans l’autre, ce qu’il n’a
pas. Ce passage, qui est une modification de position subjective, un
changement de discours, au sens où les rapports à l’Autre, à
l’objet cause de désir, sont remaniés, suppose pour le sujet de
consentir à un sacrifice, car c’est un passage de l’avoir à
l’être du sujet châtré par le signifiant. C’est pour cela que
Miller, dit que l’amour s’adresse à celui dont vous pensez qu’il
connait votre vérité vraie, à celui dont vous croyez qu’il
recèle la réponse ou une réponse à notre question : « qui
suis-je », du genre « dis-moi ce que je suis toi qui m’a
choisie, pourquoi moi et pas une autre, pourquoi celle-là que je
suis »… Cette réciprocité du « aimer c’est donner
ce qu’on n’a pas », cet échange de manque, recèle un
malentendu fondamental, une « dimension d’inscience »
puisque « ce qui manque à l’un n’est pas ce qui est caché
dans l’autre…. C’est tout le problème de l’amour »
nous dit Lacan.
C’est
en ce sens que l’on peut comprendre l’embarras des hommes avec
l’amour ou qu’on n’aime que depuis une position féminine. Car
donner ce qu’on n’a pas, assumer son manque, c’est une position
féminine. L’homme dans cette perspective se trouve plutôt
encombré dans la mesure où il est aux prises avec sa virilité :
le phallus il l’a ou croit l’avoir. Lacan dit « le phallus,
lui, il l’a le malheureux ». Il l’a mais il ne le trouve
pas là où il le cherche (car le phallus se détache), c’est
pourquoi il va le chercher partout ailleurs, chez les femmes, qui
prennent alors une valeur phallique, condition de son désir. C’est
parce qu’il l’a ou croit l’avoir que, même quand il aime,
l’homme peut avoir des sursauts d’agressivité contre l’objet
d’amour, parce que cet amour le met dans une position
d’incomplétude, de dépendance (Miller, l’amour en question).
C’est pourquoi il peut désirer des femmes qu’il n’aime pas
afin de retrouver sa position virile. L’homme par essence, se situe
davantage du côté du désir que de l’amour : les hommes ont
affaire à l’objet souvent recouvert d’une idéalisation, ils
recherchent ce qui lui manque à elle et ce manque qu’il situe dans
l’autre constitue la cause de son désir. C’est pour cette raison
que l’homme peut avoir tendance à rabaisser sa femme : il ne
peut la désirer qu’à condition de la rabaisser, c’est le
ravalement de l’objet qui lui permet d’entrevoir son manque.
C’est ce qu’on appelle aussi « le mépris du féminin »,
qui n’est pas sans faire souffrir les femmes. Le respect d’une
femme n’est pas condition de désir pour l’homme mais condition
d’amour car derrière la femme aimée, il y a le respect de la mère
(Miller, causerie sur l’amour) et l’amour peut se payer chez
l’homme d’une impuissance.
Le
malentendu des sexes dans l’amour dont je viens de parler, prend
une autre tournure dans son repérage, à partir du séminaire
Encore, qui inaugure un changement de paradigme, c’est-à-dire un
passage au-delà de l’oedipe, au-delà du primat phallique. Je
dirais qu’à partir de là, c’est à partir du réel que nous
abordons l’amour. Lacan passe de la figure de l’amour courtois,
comme amour pur, à celle de l’amour mystique. C’est un amour
conçu en rapport avec la position féminine dont la jouissance à
des accointances avec le trou dans l’Autre, le S(A barré) dont
j’ai parlé plus haut. Ce trou réel confronte le féminin à
l’illimité. Il dit « c’est en tant que sa Jouissance est
radicalement Autre que la femme a davantage rapport à dieu ».
Une femme peut très bien passer à côté de cela, s’en remettre
au phallus en jouant au phallus dans la mascarade, les ruses
imaginaires, les parures corporelles, postures professionnelles…
Mais ce faisant elle manque une part d’elle-même. La solution
phallique est une solution pour pallier au défaut d’être féminin.
Néanmoins, lorsqu’elle consent au pas tout phallique, c’est-à-dire
à ce réel où le langage rencontre sa propre limite, elle s’expose
à un bord du monde où elle se tient en déséquilibre : abime,
néant, extase, rage forment les extrêmes dont se sustentent ses
modes de jouir. Au-delà du phallus, c’est l’amour qui privilégie
pour les femmes ces états d’absolu, un amour réel qui laisse de
côté les jeux de l’identification, de l’idéal, du fantasme. La
connexion de cet amour au réel se repère dans l’insatiable de la
demande d’amour : dis moi que tu m’aimes Encore et Encore
dit elle. C’est cet Encore que Lacan choisit pour titre à son
séminaire. Une femme aime l’amour, un amour rigoureux qui lui est
indispensable. Elle y est plus partenaire de l’amour que partenaire
de l’homme qui le lui porte. Dans la rencontre avec un homme, ce
dernier peut l’avoir faite femme, ce qui paraît remplir la
structure de rôle qui devrait tenir le signifiant majeur de la
féminité qui manque. C’est un amour fondamentalement nécessaire
au sujet, un amour dénudé de toute attache matérielle, un amour
qui supplée au « il n’y a pas de rapport sexuel »,
« il n’y a pas de La femme ». Néanmoins, l’amour
d’une femme pour un homme l’emprisonne, en ce que pour l’obtenir,
elle se fait l’objet cause de son désir à lui, c’est-à-dire
qu’elle se captive de son fantasme, de son « âme »,
elle est « âmoureuse » écrit Lacan. Ce faisant elle
s’expose au risque de choir l’instant d’après, une fois le
mirage consommé, ce qui la désole, la ravage, l’effondre
lorsqu’elle se croyait réduite au semblant phallique. Elle peut
également s’y perdre dans ce désir de l’Autre ou bien y
étouffer, tant que de son désir à elle, elle n’en sait rien.
Sortir du ravage pour une femme, passe par l’invention de la femme
qu’elle est comme telle, en trouvant la voie propre de son désir
et en consentant aux singularités irréductibles de sa jouissance
radicalement Autre, y compris pour elle-même. Une analyse peut
permettre d’en trouver le chemin.
Dans
cette perspective du réel de l’amour, où se situent les hommes,
comment les hommes peuvent-ils aimer ? Nous l’avons vu plus
haut, l’amour chez l’homme atteint rarement la valeur qu’il
présente chez les femmes car ils sont encombrés de l’organe
phallique : « il lui suffit sa jouissance » et donc
la perte d’amour n’a pas les conséquences de ravage comme pour
la femme. C’est un fait de structure qui réduit de beaucoup la
nécessité logique de l’amour chez les hommes. Néanmoins, il est
des hommes qui deviennent psychanalystes. Or la question de la
féminité rencontre le discours de l’analyste. Lacan fait du
consentement, de cette plasticité à se faire cause du désir d’un
autre, le point de rapprochement entre la position féminine et celle
du psychanalyste. Cela laisse supposer chez eux, la possibilité de
rencontrer l’amour, pas du côté de l’habillage de l’objet
mais du côté de ce que peut révéler une analyse : que tout
n’est pas régi par la fonction phallique et la loi du père,
rencontrer l’amour pour un homme, c’est rencontrer le pas-tout.
Lilia Mahjoub se référant à des écrivains comme Solers, Stendhal,
propose la voie de la sublimation du désir qui serait quelque chose
à inventer, au Un par Un, une sublimation qui ne négligerait en
rien la cause du désir, à savoir l’objet, mais inventerait un
nouvel art d’aimer, inédit et singulier (n°80, p 107).